A l'occasion du centenaire du rattachement de la Savoie à la France le 26 juin 1960, le Général de Gaulle vient à Saint-Jean-de-Maurienne pour prononcer un discours. Il écoute d'abord celui du maire de la commune savoyarde, Samuel Pasquier, qui parle de l'histoire de la ville, de ses origines, de ses faits d'armes, de ses grands moments comme les passages de roi ou de l'empereur Napoléon, mais aussi des moments plus durs durant la peste.
Vient ensuite le discours du président de la République, heureux de l'accueil qu'il a reçu, remerciant les habitants de la Savoie et de la Maurienne pour leur sacrifice durant la Seconde Guerre Mondiale et prônant alors un esprit de solidarité pour rebâtir la France tous ensemble, donnant toute sa confiance dans la jeunesse qui l'écoute.
Le maire prononcera un autre discours en octobre remerciant le général.
40:50 Retranscription du discours du Général de Gaulle :
« La Savoie en général, et une vallée comme la vôtre, pour plusieurs raisons, historiques, géographiques et morales, joue dans l'esprit de tous les français un rôle vraiment particulier.
Pour la France, la Savoie est dans la Savoie la Maurienne c'est quelque chose qui a sa signification propre, qui touche l'esprit et le cœur. Il est tout naturel que le Général de Gaulle quand il est parmi vous le pense et vous le dise, voilà qui est fait.
Votre Savoie était depuis toujours française par l'esprit les mœurs la langue et a rejoint la France il y a tout juste 100 ans. Cela fut une très belle réussite, ça s’est fait avec le consentement de tous, aussi bien du compté de la France et du côté de l'empereur N3 que du côté de vous-même par le magnifique résultat du plébiscite et aussi que par l’intelligence du roi Victor Emmanuel et son ministre Cavours. Tous ont compris que du moment qu’on faisait à la suite des victoires françaises et sardes, Solferino et qu’on faisait l’Italie italienne réunit, il était normal et inévitable et souhaitable que la France retrouva ses enfants de la Savoie. Cela fut fait par la suite et Dieu sait quels services et quels sacrifices les savoyard sont offert à la France en particulier dans les moments les plus difficiles. Et moi je suis payé on peut le dire pour le savoir car pendant la dernière guerre alors que tous les concours tous les espoirs tous les courages qui se dressaient me paraissaient indispensable au salut et la libération de la France, ceux qui sont venus de la Savoie ont été parmi les plus nombreux les plus chers, les plus précieux. Cela aussi je vous le dis parce que je me trouve parmi vous.
Et maintenant la France vit, elle a devant elle le monde et c’est un monde qui n’est pas facile, pour aborder tout ce qu’il s’agit de faire pour elle face au monde il est indispensable que tous les Français soient ensemble. C’est fini la période des divisions, des déchirements, des batailles intérieures qui ont failli à deux reprises nous faire disparaitre. Il faut que nous soyons à l’époque de la concorde, de la concorde raisonnée, de la cohésion nationale et de l’effort national, ici vous en donnez l’exemple. Malgré les difficultés de la nature et aussi en partie grâce à votre montagne, votre Maurienne est en train de se transformer. Je le sais et je vous en rends de cela aussi témoignage. En cela aussi vous donnez un exemple et c’est ce qu’il faut faire.
Dans le destin de notre pays, le Général de Gaulle vous dit ce soir qu’il a pleine et entière confiance malgré les difficultés qui se présentent, c’est la vie, la vie consiste à surmonter des obstacles. Quand on est mort on n’a pas d’obstacle devant soi, et quand on vit on en a. Nous vivons donc nous avons des difficultés, mais nous les affrontons franchement, carrément. Il faut que nous les affrontions ensemble encore une fois. Or je pense après avoir traversé pas mal d’épreuves avec vous, je pense que du moment que nous n’avons pas disparu, nous sommes faits pour un grand avenir. Du reste il n’y a qu’à voir partout et en particulier chez vous toute cette jeunesse nombreuse, ardente, qui s’élève et qui va être le demain de la France. En elle aussi j’ai confiance et le pays également, que les garçons que les filles qui m’entendent aujourd’hui se souviennent plus tard qu’à Saint Jean de Maurienne au centenaire du rattachement ils ont vu et entendus le Général de Gaulle et que celui-ci leur a dit qu’il avait confiance en eux pour l’avenir de la patrie.
Voilà ce que je voulais vous dire mes chers compatriotes de Saint Jean et de la Maurienne. Encore une fois, de ce qu’il se passe ici en ce moment, sachez que j’emporte un souvenir extrêmement fort et qui m’ait un soutient dans ce que j’ai à faire. Quand on a sur les épaules des responsabilités assez lourdes, un contact, une adhésion comme ce que je constate ici sont ce qu’il y a de meilleur, de plus utile pour celui qui est chargé du destin du pays.
Je vous remercie donc de tout mon cœur pour le passé, pour le présent, et je vous le dis que nous aurons ensemble j’en suis sur l’avenir que nous méritons.
Vive la Maurienne et la Savoie !
Vive la République et la France !
Et nous allons si vous le voulez bien chanter ensemble la Marseillaise. »
Le général chante.
Centenaire du rattachement de la Savoie à la France